dimanche 29 janvier 2012

Techniques d'immortalité : le Dragon, aide ou ennemi ?



Parait-il, les femmes pourraient atteindre l'immortalité en décapitant le Dragon rouge, présent dans leurs règles ..
Ainsi, le Dragon ne serait pas seulement le symbole de l'eau, du flux tourbillonnant de l'eau, mais aussi du sang. Au Dragon Vert de l'eau contribuant à la poussée des plantes s'ajoute la figure du Dragon Rouge, symbolisant le sans comme force vitale. Or, il faut ajouter une autre catégorie de dragon : le dragon Jaune qui symbolise la semence comme "alcool" distillé du sang.
La notion de semence, concentrée de force vitale et dont il faut réduire la dépense au minimum est également une croyance extrême-orientale très ancienne. Les Maîtres de l’alchimie chinoise taoïste avaient la même conviction. La simple production de « fluide génératif » au sein du corps humain semblait défavorable au point de conseiller un régime alimentaire spécifique pour la réduire au minimum. Il est même dit « que des gens âgés moururent avant leur temps parce qu’ils avaient continué à entretenir des relations sexuelles, dilapidant ainsi leur ‘fluide’ ».
Le chemin du cinabre de la tradition alchimique chinoise
L’alchimie chinoise fut une des premières du monde et son fondateur reconnu historiquement serait Tsou Yen au 4e siècle de l’Ere Commune même s’il existe de nombreux textes qui prouvent sa pratique depuis des siècles. Un des objectifs de l’alchimie fut la recherche de l’immortalité, « permettant aux hommes de s’assimiler aux dieux. Le divin cinabre, équivalent chinois de ’l’or potable occidental’ apparaît dans les textes tantôt comme une substance physique permettant la prolongation de l’existence corporelle, tantôt chez les taoïstes surtout, comme le symbole de l’état spirituel à partir duquel l’être n’est plus soumis au temps. » Le cinabre apporte l’immortalité.
L’alchimie chinoise eut vite fait de considérer 2 concepts : le concept exotérique (wai tan) où les substances étaient considérées comme bien réelles, et un concept ésotériste (nei tan) où on considérait la nature, l’âme de ces substances.
Le principal représentant de ce dernier courant est Ko Chang Keng (appelé aussi Po Yu Chuan). Pour lui, l’œuvre alchimique suppose la transformation du corps humain qui joue le rôle du creuset et de la matière première.
Il définit 3 méthodes pour lesquelles la maîtrise de la respiration tient une part importante, mais aussi la maîtrise de l’éjaculation.
L’Oeuvre
La force générative
« L’alchimie sexuelle chinoise imagine la semence comme secrétée par ce qu’elle appelle la ’force générative’. Le premier pas dans le processus de la fabrication de l’élixir d’immortalité consiste à empêcher la force générative de suivre son ‘cours habituel’ c’est-à-dire produire la semence en allumant ’le feu interne’. Cela se réalise grâce à une sorte de respiration régulière et profonde très similaire au pranayama du hatha yoga hindou. L’inspiration provoque une pression se répercutant sur la force générative enfouie dans un creuset (ou centre d’énergie psychique plus ou moins comparable à un chakra) situé dans le bas ventre.
La force monte alors le long d’un canal psychique, voisin de l’épine dorsale jusqu’au sommet de la tête. Puis l’expiration profonde du souffle fait redescendre le force par un autre canal psychique placé à l’avant du corps et le ramène dans le creuset d’où elle émane. Le processus se poursuit jusqu’à ce qu’on considère la force générative comme suffisamment purifiée pour se transmuer en plomb lequel peut se comparer dans le cas présent au prana du yoga.
Alors, on fait monter cette force du creuset jusqu’au plexus solaire où se produira la transformation.
Au cours de processus, l’excitation sexuelle n’est pas systématiquement évitée. Ce qu’on évite, c’est l’éjaculation, élan donné par l’excitation devant trouver son emploi dans la création du plomb (énergie vitale). Selon Chang Sen Feng, les personnes qui ne ressentent aucun désir spontané doivent recourir à la masturbation.
La force vitale
La cessation de l’érection est considérée comme la preuve que la force générative s’est frayé sa voie en direction du centre psychique du plexus solaire. À partir de là, elle devra monter vers un centre psychique de la tête (proche de la glande pinéale) pour se transformer enmercure, en force spirituelle, grâce à des exercices de respiration et de visualisation.
Une technique consistait à contracter son anus, à exécuter 7 respirations profondes et à coller sa langue au palais pour intensifier le flot de salive afin de l’avaler d’un seul coup une fois la bouche remplie. Cette salive se concentre alors dans le bas ventre, le creuset, où elle se transforme en force générative, principe constitutif de la semence.
La manifestation de l’esprit
La force vitale ayant atteint le centre psychique de la tête, reste à opérer la ‘copulation intérieure ‘. Ceci s’effectue par des roulements d’yeux par série de 60, lentement et accompagné de respirations profondes.
Cette pratique entraîne la ‘manifestation de l’esprit’ qui devra descendre dans le creuset de la base de l’abdomen, ‘le centre de l’eau’ afin qu’il s’y fixe. Le mercure, l’esprit stabilisé, s’enveloppera de plomb, la force vitale, précédemment purifiée par les vibrations subies lors des montées et descentes continuelles dans les canaux psychiques qui relient ’le centre de l’eau’ de l’abdomen, au ’centre du feu’ situé dans le cœur. L’embryon immortel est le produit de l’union du mercure et du plomb.
Le souffle éternel et la graine d’immortalité
L’opération suivante est la pratique du ‘souffle éternel’ qui est la visualisation, lors de l’inspiration, du courant de force entrant au niveau des talons et qui remonte jusqu’au cerveau, et à chaque expiration, du même courant qui part du cerveau pour sortir par le tronc. Par ce moyen se forme dans le centre de la tête un aliment divin qui ira nourrir la graine d’immortalité déposée dans le centre de l’eau. Cette graine sera stimulée par une autre série d’exercices complexes.
6 signes se manifestent lorsque la graine d’immortalité dûment nourrie est à maturité : audition du sifflement du dragon dans l’oreille droite, du tigre dans l’oreille gauche, vision d’une lumière dorée dans le centre de la tête, sensation d’un feu allumé dans le centre de l’eau, la nuque vibre, le pénis se rétracte sur lui-même.
L’alchimiste arrivé à ce stade doit se garder de s’adonner à un des ‘7 attachements’, à un des ‘10 excès’ et à un des ‘9 modes de respiration déréglés’. Puis viennent la recherche et l’assemblage des ‘4 nécessités de l’alchimie’ : l’argent (de façon très pratique pour se nourrir), les amis alchimistes, un lieu convenable et les objets qui consistent en une baguette de bois arrondie et recouverte de coton pour bloquer l’anus, et une patère à placer devant les narines.
Dans le lieu convenable et entouré de ses amis, l’alchimiste doit se concentrer sur le centre du bas ventre, le centre de l’eau et de ‘secouer les 6 organes des sens’ : le nez, les oreilles, les yeux, la langue, le mental et le pénis.
L’Immortalité ou la course de la semence d’immortalité dans le corps de l’alchimiste ainsi s’éveille dans les testicules « la semence d’immortalité » qui s’efforcera de sortir par le pénis. L’issue ayant été fermée par des exercices précédemment accomplis, elle se dirige vers l’anus où la baguette de bois empêche toute sortie. La semence remonte alors le long de l’épine dorsale. Lorsqu’elle approche du coccyx, l’homme ‘ouvre’ l’épine en pratiquant les ‘5 dragons soutiens de la sainteté’ : en appuyant fortement le doigt à la base du pénis, en faisant rouler ses yeux, en aspirant l’air profondément, en enfonçant sa langue dans son palais, en étirant le creux de ses reins.
En même temps, un de ses amis lui pince le bas de l’échine si bien que la semence peut de frayer un chemin au travers de la première ‘porte de l’épine dorsale’. Elle traversera ensuite l’épine à travers 2 autres portes pour parvenir à un centre psychique situé derrière la tête.
Aussitôt, l’alchimiste doit décrire une série de cercles avec ses yeux en contemplant la lumière intérieure qui lui apparaît à ce stade.
La patère placée devant les narines empêche ici que la semence ne sorte par le nez.
La semence se dirige alors vers une cavité psychique située au-dessus des narines et où elle se matérialise sous forme de salive qui doit alors redescendre tout le corps jusqu’au centre du bas ventre. »
Elle y restera et le Grand Œuvre est accompli, l’alchimiste a obtenu l’immortalité.
Sources et pour en savoir plus :


Le texte ci-dessus est évidemment adressé aux hommes. Il parait qu’il y eu aussi des techniques équivalentes pour arrêter les règles chez la femme (« L’art de décapiter le Dragon Rouge ») ce qui aboutissait au même résultat : l’immortalité.
Les alchimistes, M.Caron et S.Hutin, Le Temps qui court ed., 1959
Esotérisme et sexualité, Francis King, Petite Bibliothèque Payot ed, 2004 d’où sont largement extraits les citations et l’interprétation résumée des techniques de l’alchimie sexuelle chinoise, traduite de Taoist Yoga, Alchemy and Immortality en anglais par Charles Luk (Lu Kuan Yu) , Weiser Books ed, 1990.
La vie sexuelle dans la chine ancienne, Robert Van Gulik, Gallimard ed (TEL), 1987
Taoisme et sciences chinoises de Philippe CHE – en .pdf téléchargeable sur le Net.
Voir aussi Le dragon rouge de J.P. Krasensky (que je n’ai pas lu mais qui semble aborder la question de l’alchimie sexuelle chinoise féminine).


Par Mystiik, 2006. Article écrit pour le Forum Alliance Magique.

Le dragon chinois

Extrait d'un article de Wikipedia sur le Dragon oriental


Chine : le Long
Le dragon oriental est l'un des deux grands types de dragons et s'oppose au dragon occidental dans le sens qu'il n'est pas automatiquement mauvais. Il représente les forces de la nature et dès lors doit être considéré avec précaution car, comme la nature, il peut être dangereux. Différentes formes, aux noms différents, existent en Asie, néanmoins de morphologie assez semblable. Le dragon chinois est le plus représentatif de tous, créature de la civilisation chinoise qui régna sur une grande partie de l'Asie. À travers les cultures orientales se retrouve la symbolique du dragon en tant que représentant de l'empereur ou du représentant du pouvoir.

Morphologie


Dragon chinois, gravure sur bois en couleur, école chinois, xixe siècle, bibliothèque des Arts décoratifs, Paris
Le dragon chinois est une chimère caractérisé par un corps serpentin et une féroce gueule barbue. Les détails de sa morphologie varient selon les sources et les époques.
Selon le philosophe Wang Fu (78-163), vivant sous la dynastie Han, il emprunte des traits à pas moins de neuf animaux : Il a une tête de chameau, des yeux de démon, des oreilles de bovidé, les bois d’un cervidé, un cou de serpent. De plus ses pattes de tigre se terminent par des serres d’aigle. Son ventre est celui d'un mollusque et le reste de son corps est couvert de 117 écailles de carpe, dont 81 sont mâles (yáng, 陽 ou 阳) et 36 femelles (yin, 陰 ou 阴).
On compare sa voix au son que l'on produirait en tambourinant sur des casseroles de cuivre.
Le dragon chinois vole sans ailes, grâce à la crête surplombant son crâne (chi’ih-muh ou Poh-Shan, 破掸).
Mais sa principale source de pouvoir réside dans une grosse perle qu'il cache sous les replis de son menton ou dans sa gorge. Cette perle est souvent synonyme de bonheur, d'abondance, de sagesse ou de connaissance pour celui qui la possède.
Contrairement à son cousin occidental, le dragon chinois ne ressemble pas à un dragon dès sa naissance. Il passera par divers stades demétamorphose qui s’étendent sur 3 000 ans.
L'œuf de dragon n'éclot qu'après 1 000 ans, donnant naissance à un serpent aquatique. Il acquiert, après 500 ans, une tête de carpe (kiao, 饺). La parenté entre dragons et carpes ne s'arrête pas là : selon la tradition, il existe dans le pays plusieurs chutes d'eau et cascades nommées Porte du dragon. Les carpes qui parviennent à remonter se changent en dragons.
Durant la suite de sa métamorphose, le dragon chinois conserve un corps anguiliforme, mais celui-ci se couvre d'écailles et une barbe se développe. Il développe aussi 4 courtes pattes terminée par des serres, ainsi qu'une queue allongée. Le dragon impérial possède cependant 5 doigts à chaque patte. À ce stade, le dragon s'appelle kiao-long (ou kiao-lung, 饺龍), ou simplement long (ou lung, 龍), signifiant « sourd ».
Il n'arrivera en effet à percevoir les sons que 5 siècles plus tard, lorsque ses cornes se développent, lui permettant d'entendre. Cette forme est la plus commune dans les représentations traditionnelles du dragon. Elle se nomme kioh-long (ou kioh-lung, 腳龍).
Il atteint finalement l'age adulte après un autre millénaire, obtenant de facto une paire d'ailes ramifiées. Il devient à ce moment le ying-long (ou ying-lung, 应龍)1,2,3,4,5,6.

Variétés

Le nombre de dragons du panthéon chinois est particulièrement important. Ils peuvent être messagers des dieuxguides des humainsgardiens des richesses de la terre, ou maitres deséléments. Néanmoins certains types se détachent de par leur importance :
  • Tian-long (ou t’ien-lung, 天龍, littéralement « le dragon du ciel »), le dragon céleste. C'est le gardien des demeures divines et le protecteur des cieux. Il porte parfois les palais des dieux directement sur dos, les maintenant en l'air. Il symbolise l'élévation vers un état supérieur.
  • Shen-long (ou shen-lung, 神龍, littéralement le « dragon spirituel »). Ce dragon ailé aux écailles d'azur fait tomber la pluie en marchant sur les nuages, et fertilise de ce fait la terre. Cependant le vent et la pluie dont il est responsable peuvent aussi être source de catastrophes, raison pour laquelle on les craignait tout autant qu'on les vénérait. C'était aussi le symbole impérial. Seul l'empereur était autorisé à arborer le dragon à cinq griffes, entre autres sur ses vêtements de cérémonie.
  • Di-long (ou ti-lung, 地龍), le dragon terrestre. Il est le maitre des sources et des cours d’eau qu'il dirige à son gré. Il séjourne durant l'été dans le ciel et passe l'automne dans la mer.
  • Fu-zang long (ou fu-ts’ang-lung, 伏藏龍), le dragon gardien des trésors. C'est le protecteur des fabuleux trésors de pierres et de métaux précieux enfoui au sein de la terre, et interdits aux hommes.
Il existe d'autres dragons possédant une certaine renommée comme :
  • Huanglong (黃龍), dragon jaune ou cheval-dragon. C'est le messager divin qui émergea de la rivière Luo pour communiquer aux hommes, par l'intermédiaire de Fuxi, les huit trigrammes du système divinatoire connu sous le nom de Yi-king.
  • Panlong (蟠龍). Ces dragons sont connus pour vivre dans les lacs de l'Est.
  • À la fin de sa vie, Huángdì, enfourcha un dragon pour se diriger vers l'Ouest avant d'être arrêté par l'un de ses ministres.
  • C'est grâce à un dragon que Yu le Grand put mettre au point les techniques d'irrigation et drainer les eaux surabondantes. Il monta vers le séjour céleste sur ce même dragon à sa mort.
  • Long wang (龍王) ou Roi Dragon.

Dragon chinois décorant une boîte à pilules.

Attributions

Les dragons orientaux sont intimement liés au climat et à l'eau. Ils ont d'ailleurs tendance à vivre dans ou à proximité de grandes étendues d’eau :fleuves tumultueux, au fond des océans ou au cœur des gros nuages. Comme ces attributs, il était à la fois bénéfique et dangereux. La croyance dans les dragons est plus forte que celle dans les autres dieux, car le peuple les voit avec fréquence dans les nuages changeants. On dit en Chine que « quand les dragons entendent le tonnerre,ils se lèvent ; les nuages arrivent et, s’étant tous formés, les dragons montent et circulent ainsi dans le ciel ».

Mythes

Le déluge

Dans la mythologie chinoise, comme dans d'autres, existe un mythe du déluge. Celui-ci est provoqué par Gonggong (ou Kong-Kong), un monstre décrit comme un dragon noir7 ou parfois comme un serpent à tête humaine et aux cheveux rouges8.
Cette créature aurait renversé l'un des piliers du monde, d'un coup de corne, le mont Buzhou. Ceci aurait eu pour effet de faire basculer le ciel et la Terre et de provoquer le déluge. On retrouve dans le Huainan Zi l'histoire suivant :
«  Jadis, Gong-Gong et Chuanxi se disputaient le trône ; dans sa fureur, Gong-Gong donna de la tête contre le mont Buzhou. Or, le mont Buzhou était l’un des piliers qui soutenaient le ciel. Il se brisa, et la corde qui retenait la terre se rompit de même. Le ciel fut plus au nord-ouest : le soleil, la lune et les étoiles se déplacèrent alors dans cette direction. La terre s’enfonça dans sa partie sud-est : les eaux se dirigèrent de ce côté-là. »
La déesse Nugua (Niu Gua, Nüwa, Nü Kua, ou encore Niu-koua), au corps de serpent ou de dragon mais au visage humain également combattit l'inondation et répara le Ciel (comme le fait parfoisYu le Grand dans d'autres mythes, voir infra).
Voici ce qu'en dit le Huainan Zi :
«  Dans les temps très anciens, les piliers qui soutenaient le ciel aux quatre points cardinaux se rompirent et la terre se fissura. Le ciel ne couvrait plus entièrement la terre, et la terre ne portait plus entièrement le ciel. Le feu ne cessait de s’étendre ; les eaux débordaient de partout. Les fauves dévoraient les honnêtes gens, et les oiseaux de proie enlevaient vieillards et enfants. Ainsi Nüwa fit-elle fondre des pierres de cinq couleurs et avec la pâte qu’elle en obtint, elle répara le ciel azuré ; elle trancha les quatre pattes d’une grande tortue de mer pour en faire des piliers supportant le ciel aux quatre points cardinaux, terrassa un dragon noir qui tourmentait les chinois ; de plus, elle mit le feu à des roseaux et avec la cendre elle jugula les crues. La voûte céleste était restaurée et à nouveau supportée par quatre solides piliers, les eaux étaient domptées, la Chine apaisée, les bêtes nuisibles exterminées, et le peuple put enfin vivre en paix.  »
Dans d'autres mythes, c'est par Yu le Grand que se fit l'endiguement du déluge ainsi que la création des canaux en Chine. Pour se faire il se fit aider d'un dragon comme indiqué dans le Shi Yi Ji :
«  Yu s’efforçait de creuser des canaux. Il canalisait les cours d’eau et aplanissait les collines. Ce faisant, il avait devant lui un dragon qui ouvrait la marche, et, derrière lui, une tortue noire qui portait sur son dos la terre magique. »

Symboliques du dragon chinois

Dragon impérial


Réplique d'une robe brodée d'un dragon de la dynastie Qing, utilisée à l'opéra de Pékin.
Les dragons font partie des mythes fondateurs de la civilisation chinoise, étant souvent à l'origine des dynasties. Le cycle des exploits de Yu montre par exemple comment cet empereur mythique organise son empire avec l'aide décisive d'un dragon ailé.
Cette créature fut l'un des symboles utilisés par les empereurs de presque toutes les dynasties chinoises. Cette tradition fut suivie lorsque le dragon se répandit dans les contrées limitrophes. Tous les empereurs de Chine ont régné sous le signe du dragon, et ils étaient même considérés comme « Fils du Dragon » ayant reçu le « mandat du ciel ».
La « Perle du Dragon » désigne d'ailleurs la sagesse de l'empereur, la perfection de sa pensée et de ses ordres. Mao Zedong aurait dit un jour : « on ne discute pas la perle du dragon », signifiant de la sorte que la perfection ne peut être connue, ou simplement qu'il n'était pas souhaitable que sa pensée soit remise en cause.
Les vêtements de parade des empereurs, comme les murs de leurs palais, étaient abondamment décorés de dragons à 5 griffes, (les hauts dignitaires devant se contenter de dragons à 3 ou 4 griffes), et il n'était pas rare qu'un chef rebelle qu'on n'avait pu vaincre par la force reçoive une somptueuse robe brodée de dragons orientaux. À certaines époques, les vêtements ornés d'un dragon étaient un privilège impérial; en revêtir un sans autorisation expresse constituait une infraction punie de mort. Pendant la dernière période de la dynastie Qing, le dragon fut adopté comme emblème sur le drapeau national9,10,11.

Nombre du dragon

En Chine, le nombre neuf est considéré comme de bon auspice (« neuf » 九 jiǔ ressemblant à « durable » 久 jiǔ) et les dragons chinois y sont souvent associés. Par exemple, un dragon chinois est normalement décrit en termes de neuf attributs et a habituellement 117 écailles soit 81 (9x9) mâles et 36 (9x4) femelles. De même le nombre d'animaux dont sont issues les caractéristiques du dragon sont au nombre de neuf.

Cultures

Le Dragon représente aussi le cycle de la végétation. Il est figuré par l'hexagramme K'ien, principe du ciel et de la création, et dont les 6 traits sont six dragons attelés figurant les étapes de sa manifestation.
  • La première de ces manifestations est le « dragon invisible », à l'image de la semence enterrée, le pouvoir de la création non encore exprimée.
  • La deuxième est nommée « dragon des champs », à l'image du germe qui croît, mais n'est pas encore visible.
  • La troisième se nomme « dragon visible », et symbolise le germe apparaissant hors de terre.
  • La quatrième est le « dragon bondissant » : la plante croît et donne ses fruits.
  • La cinquième est dite « dragon volant », à l'image des graines et pollen qui essaiment.
  • La sixième enfin est le « dragon planant », c'est l'esprit qui ordonne le tout, le roi-dragon céleste12,13,14.

Feng Shui

Le Feng Shui repose sur l'idée qu'il est essentiel d'organiser tout espace en fonction de règles précises, obéissant notamment aux quatre points cardinaux. Chacun était associé à une créature.
Un exemple est donné dans ce texte du Li ki « Les soldats en marche ont en avant l’Oiseau rouge, en arrière le Guerrier sombre ; à gauche le Dragon vert, à droite le Tigre blanc ». Le nord étant symbolisé par la tortue (le guerrier sombre) et le sud par l'oiseau vermillon, ces soldats doivent avoir le sud devant eux, tandis que le dragon, représentant l'est, doit être à leur gauche.
C'est l'orientation habituelle de tout autorité, y compris du souverain qui « règne face au sud ».
Ces quatre créatures se retrouvent dans la tombe de Takamatsu-zuka. Le mur est couvert d'un soleil dominant le dragon vert alors qu'à l'ouest on peut voir une lune surplombant le tigre. Le mur Nord porte le guerrier noir tandis que le sud est endommagé8,15,16.

Autres symboliques du dragon

Le dragon en tant que tel recouvre de nombreux symboles :
  • L'immortalité, de par sa longévité exceptionnelle.
  • La persévérance et la réussite : à l'époque du frai de l'esturgeon du Fleuve Jaune (ici assimilé à la carpe), la carpe remonte les rapides jusqu'à une chute nommée porte du dragon. Si elle réussit à la franchir, elle se transforme en dragon. Sa volonté à remonter le courant est symbole de persévérance. Elle est souvent utilisée pour représenter le succès de l'examen d'état : on la voit bondir entre les petits poissons représentant les candidats ayant échoué17.
  • Feu, force, suprématie : Dans l'art martial du dragon.