jeudi 1 novembre 2012

Corruption dans l'armée chinoise


L'armée chinoise perturbée par un scandale de corruption

PEKIN (Reuters) - Un général chinois lancé dans une croisade contre la corruption et proche de Bo Xilai a perdu de grandes chances d'être promu au sein de la puissante Commission militaire centrale, indiquent trois sources indépendantes.
Le général Liu Yuan, commissaire politique du département de logistique de l'Armée populaire de libération (APL), a notamment contribué à la mise en cause du général Gu Junshan, qui sera jugé dans les mois qui viennent devant une cour martiale.
Dans un article paru ce mois-ci, le magazine Phoenix, basé à Hong Kong et soutenu par Pékin, a prédit que le procès Gu mettrait au jour la plus vaste affaire de corruption au sein de l'armée depuis la prise du pouvoir par les communistes en 1949.
Le journal appartient au même groupe que Phoenix TV, une chaîne qui fut la première à annoncer la disgrâce de l'ancien chef du Parti communiste de Shanghai Chen Liangyu en 2006.
Gu Junshan s'est bâti selon Phoenix un luxueux domaine dans le centre de Pékin mais le journal ne donne pas d'autres précisions, notamment sur la somme d'argent impliquée.
Gu Junshan a été limogé cette année de son poste de directeur adjoint du département de logistique générale de l'APL et placé en garde à vue, mais on ignore tout de sa situation actuelle et ni lui, ni ses proches, n'ont pu être joints.
"Gu Junshan est visé depuis cinq mois par une enquête. C'est un dossier complexe et difficile", explique l'une des trois sources interrogées par Reuters. "C'est une épée à double tranchant qui donne à la fois de la crédibilité et provoque du ressentiment parmi les officiers."
GUERRE À LA CORRUPTION
En aidant à faire tomber Gu, Liu Yuan a cherché à se poser en combattant résolu de la corruption afin d'accroître ses chances de promotion à l'occasion du vaste renouvellement de l'état-major chinois lié au XVIIIe Congrès du Parti communiste (PCC) qui s'ouvre le 8 novembre.
Mais le pari s'est retourné contre lui, déclare une autre source. "Liu Yuan est devenu un héros anti-corruption", dit-elle en ajoutant que Liu a offensé des personnalités de haut rang "ce qui a diminué ses chances de promotion".
En outre, la proximité des liens entre Liu et Bo Xilai, l'ancien chef du PCC dans la municipalité autonome de Chongqing tombé en disgrâce en début d'année, n'a pas arrangé le cas du général.
Selon cette même source, l'enquête concernant Gu Junshan est désormais bouclée et le dossier entre dans sa phase judiciaire.
Liu Yuan, un "petit prince", fils de l'ancien président Liu Shaoqi mort en prison durant la Révolution culturelle (1966-76), avait promis de mener une lutte acharnée contre la corruption au sein de l'APL lors d'une réunion à huis clos en janvier dernier, devant 600 généraux.
Il n'avait pas mentionné spécifiquement le cas de Gu Junshan, mais ce dernier a été relevé de ses fonctions le mois suivant et les accusations sur internet se sont multipliées à l'époque contre l'ancien officier alors chargé de superviser la construction des casernes et autres chantiers de l'APL.
La Chine a pris des mesures contre la corruption militaire à la fin des années 1990, en interdisant à l'APL de faire des affaires, mais celle-ci est revenue au fil des ans, facilitée par le manque de transparence.
En 2006, l'ancien commandant adjoint de la marine, Wang Shouye, a été condamné à la prison à vie pour le détournement de 160 millions de yuans (20 millions d'euros).
Jean-Stéphane Brosse pour le service français

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