dimanche 19 août 2012

L'érotisme au service de l'apprentissage du chinois

Article reproduit du http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/08/14/nsfw-des-mannequins-denudes-dispensent-des-cours-de-chinois-en-ligne/


NSFW – Des mannequins dénudés dispensent des cours de chinois en ligne

Wendy et son amie se caressent. Enlacées, alanguies, les deux jeunes femmes en lingerie noire échangent des regards brûlants. L'une d'elles, soudain, s'interrompt."Quelle heure est-il ?" articule-t-elle, inquiète, la moue un rien boudeuse. "Environ midi", lui répond Wendy. "Je veux partir. Mon mari attend", conclut la belle amazone.


Diffusé par le site sexymandarin.com, ce clip n'est pas extrait d'un film érotique. Wendy et sa maîtresse sont des "professeures", mises en scène pour rendre plus attrayante la langue de Confucius. Comme elles, leurs collègues Bamboo, Kiki, Tina et Candice, sont des mannequins originaires de République populaire ou de Taïwan. Débauchées par le site, elles sont censées "enseigner" le chinois aux novices à grand renfort de balconnet et poses suggestives.
Grâce à la cambrure de Tiffany et aux réflexions pseudo-pédagogique de Mr Fung, les internautes peuvent ainsi  espérer apprendre à commander un plat, demander un numéro de téléphone ou exprimer leur soif. Les plus téméraires se plongeront dans le vocabulaire inspiré par une scène de lavage de voiture en mini-short. "Je vous promets que vous vous souviendrez de chaque leçon", assure une blonde aux yeux bleus dans des vidéos promotionnelles.
Lancé en décembre 2011 à l'initiative de Kaoru Kikuchi, une Japonaise diplômée en architecture de l'université de Nottingham, le site a déjà séduit plus de 10 000 "étudiants", selon Jeune Afrique"Moi aussi, j'aurais bien aimé apprendre le mandarin en regardant des vidéos sexy plutôt que dans des livres remplis de centaines de caractères, assure la conceptrice, interrogée par le magazine. C'est une langue incroyablement difficile. Il y a très peu de livres disponibles et ils sont terriblement ennuyeux."
Depuis 2004, 350 instituts Confucius ont essaimé à travers le monde, disposant d'un quasi-monopole dans l'enseignement du mandarin. Mais se familiariser avec la langue "tient de la tâche herculéenne", selon Mick Gleissner, un Allemand installé à Hongkong qui produit les vidéos diffusées sur le site.  "Si vous voulez apprendre le piano et que vous essayez de jouer Chopin, vous allez évidemment abandonner. Mais si vous voyez un enfant essayer de jouer des chansons, vous vous direz 'Ça a l'air facile et marrant'", explique-t-il au Daily Telegraph.
Les féministes chinoises ne partagent évidemment pas cet enthousiasme. Annie Chan, présidente d'une association de défense des droits des femmes interrogée par le South China Morning Post, accuse le site de "vendre des services sexuels sous prétexte de donner des cours de langue". Sexymandarin "cherche de toute évidence à profiter des stéréotypes occidentaux sur les femmes chinoises", dit-elle.
Kaoru Kikuchi s'en amuse. Elle prévoit d'exporter son site en Europe et travaillerait sur une version en français.

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