mercredi 10 avril 2013

Zao Wou-Ki est mort


D'après Gala.fr Repris de Pauline Gallard

L’envolée éternelle de Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki


Il était l’un des artistes les plus connus de sa génération: le peintre franco-chinois est mort mardi 9 avril en Suisse, à l’âge de 93 ans.

Depuis octobre 2011, Zao Wou-Ki résidait en Suisse, dans sa sublime villa de Dully. Aux côtés de sa femme Françoise Marquet, le peintre vivait des jours paisibles, malgré la polémique autour de son exil helvétique et sa mise sous curatelle. Car celui que l’on considère comme le maître incontesté de l’abstraction lyrique souffrait de la maladie d’Alzheimer. En 2010, le peintre franco-chinois réalise sa dernière œuvre monumentale, loin de ses traditionnelles toiles grands formats: il orne les vitraux du Prieuré de Saint-Cosme d’encre de Chine noire, avec quelques touches carmin. Un ultime chef d'oeuvre pour ce peintre bouillonnant.

Zao Wou-Ki – de son vrai nom T’chao Wou-Ki -, naît à Pékin en 1920, dans une famille très ancienne dont les origines remontent à la Dynastie Song (Xe siècle). Le milieu d’intellectuels dans lequel il évolue est favorable à son développement artistique et lui permet de pratiquer la calligraphie. En apprenant son choix de s’orienter vers la peinture, le père de Wou-Ki ne cache pas sa joie, lui, le banquier chinois. A l’âge de quatorze ans il intègre l’école des Beaux-Arts de Hangzou et très vite, il s’éloigne de la peinture traditionnelle de l’Empire du milieu. Le peintre a des envies d’ailleurs et trouve chez les artistes occidentaux une source intarissable d’inspiration. Il avouera d’ailleurs que sa première exposition en 1941 était largement influencée par Matisse et Picasso. Quelques années plus tard, poussé par son désir d’expériences et d’apprentissage, il embarque pour Marseille avec sa première femme Lan-Lan. Et ne quittera plus la France.

S’il choisit Paris pour sa tendresse envers les impressionnistes, Zao Wou-Ki s’installe à Montparnasse. Le 14e arrondissement de Paris deviendra son quartier de prédilection avec son atelier jouxtant celui d’Alberto Giacometti. L’artiste perfectionne son art à l’académie de la Grande Chaumière où il fait la rencontre de Sam Francis, Jean-Paul Riopelle ou encore Pierre Soulages. Tout au long de sa vie, il partagera une complicité sans faille avec le poète Henri Michaux. Mais c’est sa rencontre avec Paul Klee à l’aube des années 1950, qui le force à déconstruire sa peinture, qui lui fera trouver son style, vers ce qu’on appelle l’abstraction lyrique.

Par opposition à l’abstraction géométrique, l’abstraction lyrique s’impose «comme une expression directe de l’émotion individuelle» et permet à Zao Wou-Ki de laisser libre cours à son art. Sur des toiles grand format, dont les titres sont soit des hommages soit les dates d’achèvement, le peintre opère à chaque fois un ballet parfaitement chorégraphié, une danse dont il ne connaît pas l’issue. La peinture est nerveuse, jetée sur le support, oscillant entre aplats généreux et lignes destructurées, couleurs froides et explosives. Zao Wou-Ki est un géant de la peinture contemporaine française, qui avait toutefois renoué avec ses origines chinoises dans les années 1980.

Le peintre Zao Wou-Ki laisse derrière lui un héritage artistique immense, lui dont les prix des œuvres tutoyaient les millions d’euros.

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