mercredi 2 juin 2010

Partager et comprendre la culture chinoise

Ce blog est d'abord le partage d'une expérience rare : découvrir différentes régions de la Chine (Sichuan, Yunan, Guangxi, Canton) pendant deux mois avec mon épouse chinoise. "Ramènes nous de belles photos m'ont demandé les amis" : donc il y aura des photos.

Mais mon ambition, au cours de ce voyage, aura été de comprendre la culture chinoise. C'est à dire de faire émerger des formes, des logiques, des dynamiques qui sont structurantes et commune dans les gestes quotidiens : manger, voir, penser, espérer, aimer, partager, s'imposer, commander.

Par les objets trouvés dans les tombeaux, nous savons que cette culture était déjà constituée deux mille ans avant JC. Cette culture est le résultat d'échanges et de confrontations entre de multiples peuples, de techniques, de systèmes de croyance et de luttes de pouvoir. En Chine, cohabitent 56 peuples différents. Certains, par la langue, par l'habitat, les coutumes, la musique et les chansons ont gardé une identité forte.

Au cours de mon voyage, j'ai pu particulièrement découvrir les cultures des peuples Qiang, Naxi, Bai. Voici une image de cette diversité, prise au cours d'un spectacle.


Et la culture des citadins de Canton, qui donne une grande place à l'inventivité culinaire !

Ce qui est intéressant, c'est la façon dont les chinois font cohabiter les "actes culturels". D'un coté, ils vont reprendre tel quel un plat cantonnais, une chanson Qiang, un marbre de Dali, et l'apprécier dans sa spécificité. Mais dans ces actes culturels, il y a des principes. Autour d'un principe, par un mécanisme de résonance, une culture va créer de nouveaux actes culturels. Les actes culturels se font alors signe, suscitant un effet de commune appartenance.

Chaque principe est décliné différemment selon les matières et les techniques. Par exemple, dans le Royaume de Shu, le principe de l'énergie inépuisable était représenté par un soleil creusé dans un disque de bronze et des oiseaux immortels apportant cette énergie aux hommes (Parc du musée de Chengdu, Sichuan).


 Dans la culture Qiang, peuple nomade réfugié dans la montagne, les techniques sont la culture des arbres fruitiers et la broderie. Aussi, l'énergie inépuisable qui donne la vie est représentée par une plante où autour d'une fleur centrale poussent tiges et fleurs (Broderie sur le marché de Mao Xian, Sichuan).


 Autre matériau le jade. La virtuosité dans le travail du jade, pierre très difficile à travailler, est d'autant plus extraordinaire que la pierre devient telle un tissu brodant un réseau de liens au sein du vide.

Une sculpture de jade figure les messagers faisant cercle par entrelacements autour de la source d'énergie.

Ou bien un dragon de jade qui figure la source d'énergie vient s'entrelacer avec l'oiseau messager, où se reconnait l'oiseau Phénix.



Dans le Jiangxi, l'industrie de la céramique s'est développée très tôt . Une ville, Jingdezhen, a innové dans une technique de fabrication d'une céramique incroyablement fine et transparente. Du bol ou du vase circulaire la lumière irradie. Des messagers apportent la lumière : poissons, fleurs, dragons.

N'oublions pas la technique culinaire. A chaque repas, plantes, légumes, canard, poulet, porc, poisson apportent l'énergie nécessaire aux activités de la journée. Sur la table ronde, vite servis et assemblés, les plats font eux aussi la ronde, la roue. Ainsi, voici une table préparée dans une ferme du sud du Guangxi.

Tous partagés en même temps en famille, entre amis, entre les familles du village, les plats nouent la communauté.
La cuisine de Canton est réputée en Chine. Chaque plat se présente comme un mélange de goûts. Voici un plat combinant du porc, des noix au sésame et un légume vert. Chaque ingrédient est comme "sculpté" selon sa nature propre. Nous voyons ici s'établir une résonance entre la sculpture du jade et la sculpture des nourritures, entre l'imbrication des motifs et des perceptions gustatives.


Voici un plat cantonnais qui est exemplaire dans son genre. D'une part, il assortit une série de légumes. D'autre part, chaque légume est sculpté. La combinaison des légumes peut s'analyser comme une succession de messagers se relayant pour apporter l'énergie vitale symbolisée par la tomate.

















Concluons sur la figure du gâteau-boule - le tang yuan ("petite boule dans la soupe")- qui représente à la fois source de l'énergie et sa nature cyclique de sa distribution. C'est une boulette de riz glutineux farcie de saindoux de sucre, de noix, de grains de sésame et de fleurs de canneliers.

Le quinzième jour du premier mois, marque la clôture de la période de festivités du nouvel An. La lune entre dans sa première lunaison depuis la fête du printemps (la nuit de l'avènement du nouvel An).Les Chinois célèbrent cette soirée de pleine lune en accrochant des lanternes multicolores à la tombée du soir. Le jour de la fête des lanternes, on a coutume de manger des tang yuan .
* Pour en savoir plus sur le symbolisme des plats chinois ..

La culture chinoise est une culture faite de diversité, d'analogie et d'innovation. Chaque technique propose son mode d'analogie avec d'autres techniques afin de souligner l'accomplissement d'un principe commun. A cette occasion, la stimulation amenée par la démonstration de l'analogie amène l'innovation. La créativité technique se double d'une créativité commerciale.

Par exemple, un restaurant de Canton est connu pour une soupe faite avec la fleur d'une plante donnant l'immortalité, fleur infusée dans un bouillon de poule. La soupe sera dégustée tout au long du repas. Les cantonnais dignes de Canton traverseront chaque mois la ville pour déguster cette soupe d'immortalité. Le restaurant ne désemplit jamais.

1 commentaire:

  1. 你们好

    你们的照片非常漂亮可
    为什么你们写法语吗?有人不会看 :-)

    多福

    RépondreSupprimer