vendredi 24 septembre 2010

La (triste) classification des femmes chinoises selon le sexe et l'argent

 Le glissement sémantique du terme " jeune fille" au terme "prostituée"

 Voici, extraite, du blog Marketing Chine une discussion très caractéristique de la culture chinoise. Il y a un flottement sémantique du mot "jeune fille" : Xiaojie 小姐. Plus qu'un flottement, il y un glissement en puissance du statut de "Mademoiselle" au statut de "Prostituée".

Une phrase du blog dit : " Une demoiselle « xiaojie » caractérise une prostituée".
Un lecteur réagit :
  1. Romain Says:
    Bonjour,
    Petite imprécision que je trouve lourde de conséquence puisque quelqu’un se sert de votre (bon) article comme source de Wikipedia.
    Si Xiao Jie peut désigner des prostituées, cela désigne avant tout des « Mademoiselle » et ce n’est pas une grossièreté. Dans un restaurant, si vous dites à la serveuse Xiao Jie ce n’est pas impolie ou maladroit. de plus dans les séries télé, les femmes vivant seules sont parfois nommées Xiao Jie… Sans que cela signifie qu’elles ont le rôle d’une prostitué.
    C’est surtout dans le Nord de la Chine, où l’utilisation est peut être à éviter. Enfin, si un chinois veut dire xiao jie pour désigner une prostituée il le prononcera d’une manière légèrement différente que « mademoiselle ».
  2. Marketing Chine Says:
    Bonjour,
    Xiaojie 小姐 dans toute la Chine est un terme qui caractérise les prostituées. Dans la Nord de la Chine c’est devenu impoli.
    Partant du principe que le mandarin le mieux parle de Chine vient du Nord…
    Je vous rejoins sur le fait que vous pouvez très bien vous adressez a une personne en lui disant son nom de famille puis xiaojie ou l’appelez Xiaojie, mais vous ne pouvez pas dire cette fille est une Xiaojie.
Ce glissement sémantique suggère que toute jeune fille est une prostituée potentielle. A ce glissement est associé tout un vocabulaire codé qui suggère différents degrés dans la réalisation de ce potentiel de prostitution.

Voici ces degrés que nous adaptons du texte consacré à ce sujet par Marketing Chine

L’étudiante Chinoise
L’étudiante, souhaitant alimenter sa garde robe. Elles sont de plus en plus nombreuses à faire ce genre d’expérience ponctuelle. Cela représente de l’argent facile. En effet, elles vivent avec 500 yuans par mois, ce qui représente 40 euros. Or, une jolie robe coûte minimum 300 yuans . La mode est beaucoup chère en Chine qu'en France. Le nombre d’étudiantes ayant une envie folle de consommer est, parait-il, en grande augmentation.
Cela ne dure qu’un temps, une fois leurs études finies elles reprendront une vie normale, avec un mari et un enfant, cachant leurs secrets de jeunesse.

La salariée
Elle a un travail, mais un salaire modeste, 2000 yuans. Ces jeunes filles travaillent dans un hôtel, un restaurant ou dans un magasin. Elles ont besoin d’argent pour leur famille, pour monter leur business ou pour couvrir des frais exceptionnels. Ponctuellement elles accepteront les avances d’un homme contre de l’argent. Elles peuvent aussi chercher une sorte de mécène ou un protecteur.

La beauté chinoise.
La jolie fille ou meinu, elle sait qu’elle a du succès avec les hommes. Elles ont un train de vie très important et peuvent dépenser 20 000 yuans par mois en petits plaisirs. En conséquence elles se font payer par leur(s)amant(s).

En général, ces filles ne vivent que dans l’instant présent, et ne se soucie que très peu de leur avenir. Elles trouvent en général un mari, ou un amant qui les alimente une partie de leur vie.

La fille travaillant dans le Divertissement (masseuse .. )

La fille issu du milieu du divertissement. Elles travaillent dans les milieux de plaisir, bains, salons de massage, KTV.
Issu d’une famille peu favorisée, elles sont abandonnées très jeune à la dure loi du travail. Elles commencent, en général, par ne pas vouloir vendre leur charmes. Leur paie est très faible, leur variable est ridicule. Elles touchent 1000 yuans par mois, et se rendent compte que leurs amies gagnent 10 fois plus. Petit à petit elles se laissent entrainer par leurs copines, et franchisse le cap. Elles travaillent comme cela plusieurs années, amassent de l’argent et puis arrêtent, change de vie.
Cet argent leur permettra d’acheter un appartement et de trouver un petit boulot. Elle attendront ensuite de tomber sur un mari qui veuille d’elle, pour fonder leur famille.

Les prostituées de métier.
La professionnelle. Ce sont des filles qui sont installée dans la rue très jeunes, et qui le restent toute leur vie. Elles ne sont en général pas très belles. Elles ne sont pas aidées par le destin car elles ne savent pas dans la plupart des cas pas faire autre chose et donc se contentent de leur dur travail, toute leur vie. Elles dépendent d’un protecteur qui leur demandent un pourcentage.

Les chinois estiment qu’il y a 3 niveaux de prostitution :
  • Le 1er niveau de prostitution ou prostitution douce fait référence aux femmes qui jouent le rôle de « secondes femmes » d’hommes riches et influents. Les femmes qui s’engagent dans cette pratique cohabiteront parfois avec leurs clients, et ambitionnent parfois de devenir leur épouse
  • Le 2nd niveau de prostitution, appelé baopo (包婆), fait référence aux femmes qui accompagnent des hommes d’affaires pour une durée déterminée, et reçoivent une rémunération pour leurs services, pour une rôle d'escort girl.
  • Le 3ième niveau, appelé santing (三厅), fait référence aux femmes qui offrent des actes et relations sexuelle avec des hommes en échange d’argent.

L'argent imposé au cœur de la relation homme femme

Aujourd'hui, en Chine, les différents degrés de prostitution sont caractérisés une association forte entre l'identité de la femme et sa dépendance à l'argent. Si la femme qui vend l'usage de son corps reste pauvre, elle ne sera jamais une "femme", elle restera identifiée par son statut social de prostituée. Si l'argent arrive par une autre source, la femme chinoise revient à la valeur première : fonder une famille, avoir un mari, élever un enfant.

Par contre, les hommes ne semblent pas donner la même importance à la famille, à l'amour dans un cadre familial, que les femmes. Les hommes sont dans une posture de recherche de prestige très traditionnelle : "plus j'ai de maîtresses en plus de ma femme, plus je serai considéré par les autres hommes comme "puissant".

Cette classification actuelle valorise la position de l'homme : c'est l'homme qui a l'argent. Mais en sous-entendu, c'est une disqualification de l'émancipation de la femme. Je relis cette classification ainsi :

- beauté, tu veux être une femme admirée et jouir de la vie : tu es à 100% dans la dépendance d'un homme riche
- étudiante, tu veux être jolie : chaque robe te coûtera la consommation ponctuelle de ton corps
- salariée, tu veux te constituer un petit capital : tu échanges ta disponibilité affective et sexuelle contre de l'argent

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