vendredi 15 octobre 2010

Le Bouddhisme : se libérer des morts, se libérer de son Soi


La confusion de la culture chinoise

La culture chinoise semble être très confuse. Par exemple, dans ce passage du site chine-informations.com est évoquée la fête bouddhique de toutes les âmes des morts, yu-lan-pen-hui à propos de l'importance donnée à la mémoire des ancêtres.

"Le culte des ancêtres remonte à l'antiquité chinoise. Le principe est de faire des sacrifices aux mânes des défunts, sur leur tombe ou devant leurs tablettes ancestrales (installées dans chaque maison). Ces tablettes portent le nom et la date de naissance du défunt, ainsi qu'un petit réceptacle sur l'arrière contenant un papier où sont écrits les noms de ses ancêtres. On brûle régulièrement de l'encens devant la tablette funéraire.

Le culte des ancêtre puise ses racines dans le taoïsme et a pour vocation de perpétuer la mémoire de ses ancêtres afin qu'ils apportent leur bénédiction à la famille. Ceci vient du fait que les chinois pensent que l'homme descend du divin par ses ancêtres. L'ancêtre est donc un modèle à suivre pour ses descendants.

Les sacrifices sur les collines ou sur les tombes des morts ont lieu au printemps et en automne. Ainsi, durant l'équivalent de la Toussaint, la fête bouddhique de toutes les âmes des morts, yu-lan-pen-hui, a lieu le quinzième jour de la septième lune et donne l'occasion à de grandes cérémonies. Ces cérémonies sont destinées à assurer le salut des âmes solitaires, de ceux qui sont morts loin de leur pays natal ou qui n'ont personne pour perpétuer leur mémoire."

Cependant, la doctrine Bouddhiste rejette la notion d'âme, en tant que c'est notion consolatrice qui entretient l'illusion d'un SOI. Ainsi, cette citation de Wikipedia le précise :

"Mort / Bouddhisme 
La mort n’est qu’un passage d’une vie à l’autre dans le bouddhisme qui ne reconnait ni les concepts de dieu, ni d'âme. Anatta : «Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Ātman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement.»[7]
Le Bardo Thödol (Livre des morts tibétain) décrit les différentes étapes de ce passage d’une vie à une autre vie et constitue une sorte de guide fournissant divers conseils (abandon de l’ego, etc.) pour réussir cette transition."

Le sacrifice et la purification

En fait, il y a une racine commune : éviter le retour du mort. Dans la notion du sacrifice comme rituel, il s'agit d'apporter à l'esprit du mort de la nourriture, de l'argent, des pensées consolatrices afin qu'il ne vienne pas tourmenter les vivants sous la forme d'un pseudo-corps : un fantôme.

Le Bouddhisme est dans une optique de purification par soi-même. Je l'interprète comme une capacité à se faire oublier des vivants à venir. Dans l'état de Dharma, je ne réclame rien à ma famille, mais en retour, les enfants de ma famille doivent assumer leurs actes sans se réclamer de moi ou sans me maudire !

Défaire la chaîne des conséquences

Le Bouddha, celui qui renait pour mourir absolument, a proposé le concept de chaîne des conséquences. Ce concept est très intéressant car il propose une méthode de dé-chaînage où, à partir de la conséquence ultime, la peur de la souffrance, il propose une inversion des conséquences, de façon à devenir non-vivant alors même que l'on vit.

Je propose cette inversion des conséquences sous la forme du schéma suivant :

Bouddha : comment défaire la chaîne des conséquences
Rapprochons ce schéma de la figure du courant vital, notion taoïste qui consiste pour l'homme à fortifier son Yang au cours du rapport sexuel. L'homme doit "dés incarner sa semence" afin d'en faire un élixir d'immortalité.

Le courant vital dans la pratique du retournement de semence. Origine R. Van Gulik.
Cependant, pour "retourner sa semence", il faut qu'il y ait production de semence. Dans le cas de Bouddha, il a fallu que Bouddha éprouve la gamme des passions humaines, enchaîne les conséquences pour produire le "retournement de la chaîne des conséquences".

Les deux schémas mettent en scène un même paradoxe : à la fois il faut éprouver les conséquences de ses actes, afin de pouvoir les défaire. Il y aurait donc une racine commune au Taoïsme et au Bouddhisme. Nous avons suggéré dans un message précédent l'affiliation de cette pratique à la pratique Yoga de la posture inversée.

Notons que le déroulé de la pratique Yoga, située au Printemps, il y a un premier temps de présentation au Soleil, afin de recueillir l'énergie solaire, puis un second temps de mise en circulation de l'énergie solaire au sein du corps. Ainsi, il est possible de se libérer de toutes les crispations du corps.

"Quand le corps est engourdi fatigué ou ralenti par les froids mois d'hiver, et que l'énergie montante du printemps nous incite à sortir de notre coquille, la pratique des postures de yoga sur un rythme un peu plus soutenu que d'habitude, assortie de respirations puissantes du type Bastrika ou Kapalabhati, vont nous aider à renaître symboliquement et énergétiquement à la vie nouvelle qui s'annonce."

Notons également aussi bien dans les pratiques taoïste et bouddhiste, il y a une neutralisation de l'excitation sexuelle, et sa conséquence la jouissance sexuelle, puisqu'elle est assimilée à une perte de l'énergie Yang dans un cas, à une ignorance du Dharma dans l'autre cas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire